Surfaces, 2015
Photographies argentiques
Tirages pigmentaires, dimensions variables
Production : Casa Velazquez, 
Institut français de Madrid & Bilbao
Matadero Madrid 
Bilbao Arte

Les pierres sont des souvenirs du ciel, le minéral est sur terre le descendant direct du sidéral — c’est-à-dire qu’il en vient, et qu’il s’en souvient. L’histoire qui vient avec les pierres est sur notre planète la plus ancienne et même si leurs récits sont cachés, les pierres sont notre archive la plus sûre, la plus lointaine. Au lieu de les considérer comme inertes, il faut s’approcher d’elles, regarder comment elles sont dans la lumière ou dans la nuit et écouter ce qu’elles y font, c’est-à-dire les entendre exister, les entendre écouter. Surfaces d’inscription couvertes de traces et de cicatrices, elles se tiennent immobiles et muettes, mais leur voyage est celui de la patience et du secret. La tentative de Marie Sommer est d’aller au plus près de ce secret et de montrer comment il se manifeste, que ce soit dans la coupe récente d’une carrière, la forme d’un rocher ou dans les amas d’une ville ruinée. A la pierre-témoin elle ajoute la pierre émettrice, via ces spectres apparus sur des surfaces photosensibles exposées pendant des mois à l’action de pierres radioactives, celles-là même qu’avait utilisé Marie Curie. Juste au bord de la science, l’art récapitule son geste initial, qui est de palper le monde, de le sentir être et venir, à même sa peau.
Jean-Christophe Bailly, 2018